Aus den Nachrichten des Deutschlandfunks vom 23. März 2024: Frankreich. Kulturschaffende kritisieren in offenem Brief geplante Sparmaßnahmen der Regierung:
Künstler und Kulturschaffende in Frankreich wehren sich gegen die Kürzungspläne für Film, Theater, Musik, Museen und andere Einrichtungen. Mehr als 3.500 Kreative haben sich in einem offenen Brief in der Zeitung „Le Monde“ an Innenminister Le Maire gewandt.
"Le Monde" 2024-03-22:Appel de 3 570 artistes et créateurs:
«Quand une société perd les moyens de se comprendre et de s’imaginer avec vitalité, c’est la démocratie qui s’effondre»
"Un collectif de dramaturges, comédiens, metteurs en scène, parmi lesquels Maguy Marin, Stanislas Nordey, Judith Chemla, alerte dans une tribune au « Monde » sur les coupes budgétaires annoncées par Bruno Le Maire, ministre de l’économie, qui touchent la culture. Et plus particulièrement la création, au risque de voir disparaître de nombreux établissements culturels et, avec eux, ceux qui les font vivre."
Nous artistes, créateurs, créatrices, interprètes, auteurs, autrices du spectacle vivant avons appris le vaste plan d’économie du ministère de l’économie et des finances qui attaque gravement différents secteurs de notre société. Ces secteurs représentent pourtant des piliers de notre démocratie, sa capacité à l’intelligence collective pour imaginer un futur vivable et digne, l’importance et la qualité de ses services publics, sa culture.
C’est cela qui fait l’identité de la démocratie française, le rayonnement de son modèle unique envié partout dans le monde. Cette démocratie que nous avons construite avec la démocratie culturelle à travers les temps les plus sombres, et à laquelle nous tenons comme à notre corps public, a un cœur : la création. Elle a des vaisseaux : le lien, la transmission, le partage. Nous savons d’expérience que ce sont des remparts fondamentaux contre ce qu’il faut bien appeler le « fascisme » – qui progresse quand l’absence d’horizon s’installe, quand la pensée recule, quand l’imaginaire se referme.
La culture vient d’être attaquée violemment comme les autres services publics avec 200 millions d’euros d’économie. Mais elle a été attaquée en son cœur même : c’est la création artistique qui se voit amputée à elle seule de 100 millions d’euros.
Ce chiffre n’est à comparer à rien : il a une réalité claire et nette. Cela signifie la disparition rapide pure et simple de la plupart des créateurs, des créatrices, des interprètes qui participent à nos spectacles, des auteurs, autrices.
Il y a aujourd’hui une urgenceHormis les aides exceptionnelles de la crise du Covid-19 qui nous ont permis de survivre face à une cessation totale d’activité, nous sommes réduits à la marge d’ajustement des budgets culturels depuis plusieurs années. Cette marge est aujourd’hui un étau, une cisaille qui est en train de nous priver de nos moyens de créer et de présenter nos spectacles. La baisse d’activité est colossale pour tous, en chute libre pour beaucoup. Pourtant, aujourd’hui, nous sommes vivants, et nous ne voulons pas être forcés à l’abandon de nos professions, de nos ouvrages, et à la désertion des lieux de culture alors privés de sens.
Nous faisons aujourd’hui résonner l’alarme, car notre silence face au péril entraînerait aussi la mort programmée de tous les établissements de culture. La portée politique et sociétale est grave. Il y a aujourd’hui une urgence. Avec les annonces, ce n’est pas dans dix ans que la majorité des compagnies du spectacle vivant va disparaître, c’est demain.